Portrait de femme : Amy Ndiaye

Amy, 26 ans, est développeuse web dans l’agence YesWeDev à Rennes. Elle a accepté de répondre à quelques questions, s’inscrivant ainsi dans nos portraits de femmes ressources. En partageant leurs expériences et leurs conseils, les femmes ressources sont toutes engagées pour plus de mixité et de diversité dans les métiers du numérique. Retrouvez-les sur notre annuaire ici :

Après un master en marketing et management international, elle suit une formation de 6 mois pour se reconvertir dans le web.

Comment expliquerais-tu ton métier à un enfant de 5 ans ?

Il y a un monde virtuel qui s’appelle internet et moi je fais des sites et des applications. Ce sont des endroits où les gens peuvent se rendre pour acheter des choses ou juste se renseigner sur des sujets par exemple. Je suis un peu architecte d’un monde virtuel. Je crée des sites et des applications au lieu des maisons et des immeubles. 

Amy Ndiaye / développeuse

Quel métier voulais-tu faire quand tu étais enfant ?

Jusqu’à la moitié du collège, je voulais faire du droit. Puis après, j’ai souvent changé, sans vraiment avoir de vocation particulière. Sur APB – maintenant Parcousup – j’avais mis toutes les facs dans les matières où j’étais forte, et c’est comme ça que je me suis retrouvée en licence de LEA.

Quelle a été ta première rencontre avec le numérique ?

Skyblog au collège. J’avais un blog sur les mangas et c’est comme ça que j’ai découvert internet.

Comment en es-tu venue à vouloir travailler dans le numérique ?

Déjà, c’est compliqué aujourd’hui de trouver un travail où il n’y a pas de contact avec le numérique, sauf pour les métiers très manuels peut-être, et encore… A la base, je m’étais dit que dans le marketing et la communication, il y avait la possibilité de travailler dans beaucoup d’entreprise et ça me plaisait d’avoir le choix comme ça. Alors, dans le web, c’est encore mieux, les opportunités sont très nombreuses.

Cependant, je n’avais pas envie de reprendre des études, je voulais simplement un moyen d’apprendre les bases du code puis me débrouiller par moi-même. C’est ce que j’ai fait. Je me suis inscrite à Vinted X Ironhack, une bourse pour une formation de 10 semaines pour les reconversions des femmes dans le web – et j’ai été sélectionné. Pour me préparer, je regardais aussi les offres d’emplois dans le secteur de rennes. Et je suis tombée sur une dame qui recrutait des juniors pour faire une POEI : Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuel, qui vient du dispositif pôle emploi. L’employeur veut t’embaucher mais tu n’as pas les compétences, du coup pôle emploi et l’employeur vont financer ta formation et ensuite tu passes l’examen et si tu réussis tu es gardé. Ainsi j’ai pu financer ma formation et avoir un travail.

Qu’est-ce que tu préfères dans le métier de développeuse ?

Je m’ennuie très vite donc j’ai toujours besoin d’être stimulée. Le monde du web est parfait pour ça puisque ça bouge beaucoup et qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Certes, des fois ça bouge un peu trop, ou trop vite, mais il n’y a pas le temps de s’ennuyer au moins. Ce n’est pas monotone.

Et si tu pouvais améliorer quelque chose, qu’est-ce que ce serait ?

Je ne sais pas parce que ça dépend de là où tu es. Moi je ne voulais pas travailler dans une grande entreprise avec une hiérarchie avec plein de niveau et où la communication est très dépendante. Je voulais plutôt une petite structure où la hiérarchie est plus plate, où les décisions sont prises collectivement, où je suis incluse en fait.

C’est super parce que c’est un peu un métier en tension donc si tu veux pas travailler dans un grand groupe tu as le choix de ne pas travailler dans un grand groupe.

Si je pouvais améliorer quelque chose, ce serait mon temps de veille. En développement, il y a un temps pour coder et un temps pour faire sa veille, se former etc. et c’est très dur de trouver le temps de faire sa veille pendant ses heures de travail. Parce que en fait tu produis du code et tu as des deadline etc…donc c un peu compliqué de produire ce que tu es censé faire et en même temps monter en compétences en parallèle.

Peux-tu nous décrire une journée type ?

Je commence par me connecter à mon ordinateur pour regarder mes mails, voir ce qui s’est passé la veille etc., puis, en général, j’ai déjà une liste de choses à faire et je code ce que je dois coder. Après, dans le code il y a beaucoup de temps de réflexion et de recherches aussi, donc ça dépend de l’avancement des projets.

Quelle est ta plus grande fierté professionnelle ?

Avoir réussi la période d’essai ! J’étais très stressée mais après j’ai appris que j’étais la seule à me dire que je ne serais peut-être pas prise. En fait, le plus dur dans le développement, c’est de trouver le premier job, une fois la première expérience acquise, c’est beaucoup plus facile. On devient plus désirable sur le marché. Ce qui est un peu paradoxal, parce que quand tu es en poste, tu reçois des offres, alors que quand tu es en recherche mais pas en poste, tu ne reçois pas d’offre. Tous les recruteurs ne sont pas comme ça. Mais tout de même, mes collègues et moi on reçoit des offres presque toutes les semaines

La mise en ligne de mon premier site – rien d’extraordinaire ou passionnant – a également été une source de grande fierté pour moi.

Quels sont tes centres d’intérêts ?

Le roller, le dessin, le montage vidéo, la couture et le paper art essentiellement.

Pour toi, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour avoir plus d’égalité au travail ? Quelle serait une des solutions ?

Il faudrait féminiser les offres d’emploi. Le langage a beaucoup d’influence sur le comportement des gens, c’est pour ça que je pense que les offres d’emploi devraient être retravaillées pour que les titres soient féminisés. Par exemple, mettre « Recherche : développeur/développeuse » et prendre en compte certains éléments lors de la rédaction de ces offres. En effet, selon certaines études, un homme postulera s’il possède 50% des compétences requises tandis qu’une femme qui a 65% des compétences, elle, ne postulera pas. De plus, parfois, les offres d’emplois sont trop surréalistes. Il faudrait 15 personnes pour faire tout ce qui est demandé. Ce n’est pas possible d’avoir à la fois cinq ans d’expérience tout en étant jeune diplômé et maîtriser 15 logiciels. Il faut que les offres soient plus réalistes en présentant, par exemple, les compétences minimums requises (des connaissances plutôt que des maitrises partout).

Au niveau de l’orientation aussi, pour les filles au lycée, montrer des personnes diverses et pas que des gars dans les écoles d’ingénieurs, dans la robotique ou autre.

Si tu devais résumer ta philosophie de vie en une phrase, quelle serait-elle ?

Apprendre continuellement. Pour avoir une ouverture d’esprit et rester dans l’ère du temps.

Merci à Amy pour son témoignage ! Retrouvez d’autres portraits de femmes dans nos brèves et l’annuaire de Femmes Ressources.